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© SMLH – 2016 – Société des Membres de la Légion d’Honneur – 61.

La Grande Guerre est une guerre classique où l’homme, le fantassin, était encore la force vive des armées. Il était soudain exposé au monde moderne du feu, de la fonte, de l’acier, des éclats, des schrapnells, des gaz toxiques. Le monde antique réactualisé passant de l’arbalète au Lebel (remplaçant du Chassepot qui avait fait merveille), de l’arc à la mitrailleuse Hotchkiss et de la baliste à la Grosse Bertha (les obus pouvaient franchir 120 kms!!). Tout cet armement automatique et lourd utilisé à profusion a provoqué les ravages que nous connaissons. Les monceaux de morts terrés dans les tranchées écrasés sous les obus (plus gros, dévastateurs et projetés de plus en plus loin) et lors des assauts fauchés par les mitrailleuses (arme relativement nouvelle, à répétition depuis la Maxim en 1885, à cette échelle elle devient répandue lors de cette guerre) évoquaient les montagnes de corps qu’avaient laissés les huns d’Attila et les Mongols de Gengis Khan.

L’aviation militaire naît en force en cette première guerre mondiale.

La Secrétaire d’État auprès de la Ministre des Armées, Madame Geneviève DARRIEUSECQ, rappelait dans le texte prononcé par le Maire, que 1917 est une année charnière. La Russie malgré des troupes initialement très mobiles et offensives résistent en 1917 aux allemands. Mais le complexe militaro industriel russe est désorganisé et faible. Il faut 30 000 obus par jour, les troupes disposent de 30 000 obus par mois. Les Allemands ont voulu la guerre contre la Russie. Ils ont toujours voulu contrer cette hégémonie qu’ils redoutaient. Il s’agissait bien d’une guerre préventive. Le front a été enfoncé en 1915 après la bataille de TANNENBERG et a permis aux Allemands et Autrichiens de FALKENHAYN commandant en Chef des Troupes impériales et aux Généraux HINDENBOURG et LUDENDORFF commandants en chef sur le front de l’Est de s’enfoncer en Pologne russe et de saigner à mort l’Empire russe. La révolution en octobre 1917 emporte le Tsar NICOLAS II et sa famille qui sont faits prisonniers (exécutés en juillet 1918). Cette victoire sur les Russes de HINDENBOURG et LUDENDORFF leur confèrera ultérieurement un prestige immense. Leur soutien lors de la montée du Chancelier HITLER en 1933, s’appuiera malheureusement sur cette légitimité victorieuse. Le Führer on le sait retrouvera ce désir malsain de s’étendre à l’Est. On connait la suite.

Le front de l’Est ne pose plus de problèmes aux Allemands qui transfèrent leurs divisions vers l’Ouest contre le front anglo-français. Les bolcheviks de LENINE et TROTSKY après un armistice en décembre 1917 signeront plus tard la paix de BREST LITOVSK en février 1918. Cet afflux, de troupes allemandes transférées, revenu du front de l’Est va-t-il suffira à vaincre le front de l’Ouest ? Non car les États-Unis bouleversés par le torpillage du Lusitania (en 1915) mettront en un an et demi pour se ranger aux côtés de la Triple entente et la déclaration de guerre sera votée en avril 1917. Les États Unis seront 2 millions sur le front à la fin de la guerre en 1918.

1917 l’année de PASCHENDAELE et du CHEMIN des DAMES.

PASCHENDAELE près d’YPRES verra en 4 offensives de Juillet à Novembre un nombre terrible de morts chez les Canadiens, Britanniques et Néozélandais qui supportent essentiellement, aidés par les Français, cette action de soulagement de l’armée française. Près de 300 000 morts (les chiffres demeurent encore à ce jour évalués) de chaque côté allemands et alliés. Chez les Néo Zéandais la mort de Dave GALLAGHER (capitaine de l’équipe de rugby lors de la première tournée en France de 1905 – 1906) symbole du rugby fondateur de l’esprit de la nation Néo Zélandaise demeure un souvenir très fort. Il est volontaire à 40 ans pour combattre en France. Il meurt à 44 ans. Son nom est toujours celui du Trophée du Match annuel de rugby franco néo-zélandais attribué au vainqueur évidemment.

Le CHEMIN des DAMES nom charmant certes, dans l’AISNE, qui verra la mort de 180 000 soldats français. Après la Victoire de VERDUN et de la SOMME comment poursuivre l’offensive victorieuse. NIVELLE joue sur artillerie et les chars. Ceux-ci accompagnent les fantassins et contrairement à leur concepteur le Général Jean ESTIENNE, Polytechnicien, le Père des chars, ne sont pas regroupés. NIVELLE se heurte au commandement de LUDENDORFF. Le CHEMIN des DAMES ou « OFFENSIVE NIVELLE » comportera des résultats militaires peu probants. NIVELLE sera remplacé par le Général PETAIN qui utilisera en fin d’offensive, artillerie, chars et troupes de façon coordonnées pour obtenir une victoire au saillant de la MALMAISON. L’offensive du CHEMIN des DAMES conduit les troupes aux premières mutineries et assure la prise de commandement de PETAIN des armées françaises en remplacement de NIVELLE. Le Généralissime des troupes alliées est FOCH. PETAIN quoique homme toujours pessimiste et « marmoréen » conduira les troupes vers la victoire et réprimera les mutineries avec une parcimonie reconnue. La Chanson de CRAONNE, le chant de la contestation des mutins provient du nom d’une colline du CHEMIN des DAMES.

1917 l’ANNEE de GEORGES CLEMENCEAU, le PERE LA VICTOIRE » Raymond POINCARE appelle à la Présidence du Conseil cet homme de 76 ans. Georges CLEMENCEAU a connu le second Empire, la Commune, il a défendu DREYFUS, il est l’ami de MONET et fait installer à l’Orangerie ses NYMPHEAS. Il va résister au défaitisme qui a envahi la France tant au niveau des troupes (les mutineries) que le moral qui flanche à l’Arrière. Il va donner le commandement en chef des Armées françaises à PETAIN malgré ce pessimisme qu’il lui connait. Il confirme Ferdinand FOCH comme Génralissime des Armées Alliées en le soutenant constamment.Il avait été l’opposant à Jules FERRY et au colonialisme. C’est lui qui dit en boutade, lâchant le Général BOULANGER en 1887 que la « Guerre est une chose trop grave pour être confiée aux militaires ». Son autorité sur la conduite de la guerre redonnera du lustre au commandement militaire en symbiose avec la conduite coordonnée des actions.De superbes biographies à lire la plus remarquable et complète celle de Jean Baptiste DUROSELLE (Fayard, 1988), celle de Michel WINOCK Perrin en 2007 et celle récente de Jean Jacques BECKER Armand Colin (2012). Je fais la guerre a-t-il affirmé naturellement.

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